« Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. »
(Luc 16, 22)

> Que dire, en quelques lignes, d’un texte aussi riche et complexe ? Car, non, il ne s’agit pas d’un traité de justice sociale. La parabole nous met devant l’unique fait incontournable de nos existences.
Que l’on ait vécu dans le lin et la pourpre, ou couvert d’ulcères, mendiant à la porte des autres, personne n’échappe à cet ultime moment de vérité : la mort qui fixe l’homme définitivement dans ses choix. C’est donc avant qu’il aurait dû ouvrir les yeux. Et, quand, depuis le séjour des morts, il lève enfin les yeux et voit Lazare dans le sein d’Abraham, l’abîme qui les sépare est désormais infranchissable. Il lui aurait fallu non seulement ouvrir les yeux, mais aussi le portail de sa maison, alors qu’il était encore temps. Même s’il essaie de se rattraper en voulant aider ses frères, les jeux sont faits : “Rien ne va plus. “ Eux, « ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! »
> Ainsi, par cette parabole – unique à Luc – Jésus ne nous incite pas d’abord aux œuvres de miséricorde. C’est sa miséricorde qu’il met à l’œuvre pour nous, afin de nous rappeler que c’est maintenant ou jamais qu’il s’agit de conformer notre vie à sa Parole. N’attendons pas des messages de revenants, ouvrons l’Evangile, traité de justice sociale, si l’on veut, mais bien plus : Parole qui donne vie, qui nous apprend à servir la vie.