26e dimanche du Temps Ordinaire – C – 28 septembre 2025

« Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. »

(Luc 16, 22)
(photo : Abbaye Saint-Pierre de Moissac, Tarn-et-Garonne.)
(photo : Abbaye Saint-Pierre de Moissac, Tarn-et-Garonne.)

> Que dire, en quelques lignes, d’un texte aussi riche et complexe ? Car, non, il ne s’agit pas d’un traité de justice sociale. La parabole nous met devant l’unique fait incontournable de nos existences.

Que l’on ait vécu dans le lin et la pourpre, ou couvert d’ulcères, mendiant à la porte des autres, personne n’échappe à cet ultime moment de vérité : la mort qui fixe l’homme définitivement dans ses choix. C’est donc avant qu’il aurait dû ouvrir les yeux. Et, quand, depuis le séjour des morts, il lève enfin les yeux et voit Lazare dans le sein d’Abraham, l’abîme qui les sépare est désormais infranchissable. Il lui aurait fallu non seulement ouvrir les yeux, mais aussi le portail de sa maison, alors qu’il était encore temps. Même s’il essaie de se rattraper en voulant aider ses frères, les jeux sont faits : “Rien ne va plus. “ Eux, « ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! »

> Ainsi, par cette parabole – unique à Luc – Jésus ne nous incite pas d’abord aux œuvres de miséricorde. C’est sa miséricorde qu’il met à l’œuvre pour nous, afin de nous rappeler que c’est maintenant ou jamais qu’il s’agit de conformer notre vie à sa Parole. N’attendons pas des messages de revenants, ouvrons l’Evangile, traité de justice sociale, si l’on veut, mais bien plus : Parole qui donne vie, qui nous apprend à servir la vie.

25e dimanche du Temps Ordinaire – C – 21 septembre 2025

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent… »

Lc 16,13

> « Rien n’est trop beau pour Dieu » me disait encore récemment un défenseur des belles dentelles et des calices en or massif. Je lui ai rappelé cette phrase de l’Evangile.

> Le contexte est pourtant délicat car Jésus dit cette phrase après avoir raconté la parabole de l’intendant qui ruse avec l’argent. Comment comprendre que Jésus nous invite à être rusé, parfois, avec l’argent ? L’argent n’est qu’un moyen, qui passe. On pourrait reformuler légèrement notre verset en affirmant : « Vous pouvez VOUS SERVIR de l’argent, mais jamais VOUS SERVIR de Dieu. »> La question, à méditer dans nos vies, devient alors celle-ci : est-ce que je me sers de l’argent… ou est-ce que je suis au service de l’argent ? Est-ce que je me sers de Dieu ou est-ce que je suis à son service ? Voilà, je crois, un chemin de réflexion pour notre semaine.

Dimanche de la Fête de la Croix glorieuse – C – 14 septembre 2025

*** « En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème… »

(Jean 3, 13-17)

> Avant même les paroles célèbres sur l’amour de Dieu et le salut du monde, l’Évangile nous dit ceci : Jésus disait à Nicodème. Pas à une foule. Pas dans un temple. Mais à un homme, de nuit, dans le secret d’une conversation. Le salut se révèle dans la lenteur d’un échange vrai, à hauteur humaine. Jean 3,16 — si souvent cité — est le fruit d’un long cheminement intérieur, d’un dialogue discret où Nicodème peut poser ses questions, ses doutes, et ouvrir peu à peu son cœur (cf. Jean 3 en entier).

>Jean 3, 16… Il ne suffit pas de proclamer ce verset du haut des toits : il faut d’abord en vivre la démarche. Prendre le temps d’écouter, de rencontrer, de tisser des liens réels. Cette semaine, ne cherchons pas à convaincre à tout prix : cherchons à aimer, à être présents, à créer ces espaces de confiance où la Parole peut naître. Amen.

23e dimanche du Temps Ordinaire – C – 7 septembre 2025

« Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

(Luc 14, 33)

PRIORITÉ

> Les « prestations » de Jésus ont fait de Lui l’homme du moment et beaucoup le suivent. Voilà que Jésus s’arrête, se retourne et il pose le cadre de la marche avec Lui. Ses propos sont sans appel : renoncer à tout pour être disciple. Renoncer c’est choisir, c’est établir des priorités. Or, Dieu devrait être la priorité absolue de ses disciples. Choisir Dieu, c’est choisir la vie. C’est d’ailleurs son conseil : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance (Deutéronome 30, 19).

> Pour aider dans ce choix, gardons à l’esprit que Dieu a formé pour nous des projets de paix et non de malheur afin de nous donner un avenir et une espérance (Jérémie 29, 11). N’oublions pas surtout que Dieu nous a choisi dès avant la fondation du monde et que nous sommes sa priorité absolue, même si nous ne le voyons pas toujours.

22e dimanche du Temps Ordinaire – Année C – 31 août 2025

« Mais lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place… En effet, quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. »

(Luc 14.10a, 11b)
(Illustration : Pieter Brueghel l’Ancien – Le repas de Noces)

> Je suis invité à m’asseoir à table lors du grand festin à venir, quand le Royaume sera là dans sa plénitude (Luc 14.15), après la résurrection des morts (Luc 14.14), avec tous ceux qui suivent Jésus fidèlement dans le présent.
Si j’ai répondu à son appel, en tant qu’enfant du Père céleste parmi d’autres de ses enfants, je peux tranquillement m’asseoir « à la dernière place ». Là où l’amour-don-de-soi est le mot d’ordre, nous apprenons à nous libérer des ambitions et jalousies qui règnent facilement parmi nous autres humains – vous connaissez ?
À « la dernière place » on est assis dans l’assurance de notre identité d’enfant de Dieu, d’où on peut chercher à aimer et servir nos proches, nos frères et sœurs dans la foi, notre voisin qui peut-être ne connaît pas encore Dieu, mais est aussi appelé à la table du grand festin à venir.

« La dernière place » est un bon endroit pour repérer ceux qui n’ont pas encore reçu cette invitation, y compris les estropiés, les aveugles et les infirmes (Luc 14.21), pour la leur transmettre, en n’oubliant pas que ceux de la classe moyenne et les riches sont également invités. Plus facile à dire qu’à faire ?

« La dernière place », c’est celle qu’a choisi le Fils de Dieu, en s’abaissant et devenant serviteur, jusqu’à la mort à la croix (Philippiens 2.4-8).

> Dans ces jours qui viennent, situez-vous de manière conséquente à « la dernière place », et

  • repérez ceux qui n’ont pas encore reçu d’invitation au repas, pour la leur offrir
  • réjouissez-vous des dons, talents et succès de vos frères et sœurs dans la foi

Tout ceci dans l’attente joyeuse du grand festin du Royaume qui vient !

21e dimanche du Temps Ordinaire – C – 24 août 2025

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. »

(Luc 13,24)

> Première constatation : puisqu’on nous parle de la porte étroite, c’est qu’il y a également d’autres portes, sans doute moins étroites. La suite du texte nous le confirme puisqu’on nous dit qu’ensuite – une fois que cette porte sera fermée – on viendra encore des quatre points cardinaux et de tous les peuples prendre place au festin du Royaume.

> Deuxième constatation : il semble meilleur de s’efforcer d’entrer d’abord par cette porte étroite que beaucoup n’arriveront pas à franchir. Qu’est-ce qui les empêchera de le faire ? La suite du texte le dit aussi : l’injustice. La porte étroite est fermée à toute personne qui pratique l’injustice.

> Troisième constatation en forme de conclusion : efforçons-nous donc de pratiquer la justice. Cette semaine encore. Nous ne travaillons certes pas tous dans le monde judiciaire, mais la justice commence dans notre cœur, en évitant les aprioris sur les personnes, les jugements hâtifs, les étiquettes collées à tout-va. Car, et la fin de cet évangile le dit, nous aurons la surprise de voir certains derniers devenir premiers… et certains premiers relégués à la dernière place.

20e dimanche du Temps Ordinaire – C – 17 août 2025

« Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. »

(Lc 12,51)

> Le passage de l’Évangile de Luc que la liturgie propose aujourd’hui à notre méditation ne va pas nous emmener dans une douce rêverie. Jésus, réaliste et non rêveur, parle de ce qu’il voit, de ce qui concerne la vie des hommes qu’il est venu sauver. Et ce salut n’est pas à n’importe quel prix. Être disciple demande une détermination sans ambiguïté. Dans le passage parallèle chez Matthieu, Jésus l’explicite encore davantage : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi ; celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi n’est pas digne de moi. » (Mt 10,27). Le Royaume ne tolère pas la demi-mesure, de même que la paix ne peut se construire sur des compromissions avec des procédés de mort.

Dans notre monde de plus en plus polarisé – on est tenté de dire entre les bons et les méchants – certaines appartenances peuvent effectivement diviser les familles. Si dans nos contrées, les chrétiens ne sont pas ouvertement persécutés, leurs convictions peuvent heurter les mentalités, soulever l’antipathie.  

Alors que nous assistons impuissants à un démantèlement sans pitié de l’aide humanitaire au niveau global, la logique chrétienne de l’amour inconditionnel envers les pauvres est souvent mal vue, du moment que le marginal, le réfugié, le “loser“ est considéré comme contre-productif là où tout doit contribuer à la croissance économique. 

> Nous avons choisi de suivre et d’imiter le Christ qui se laisse saisir de pitié face aux malheureux et qui nourrit, guérit, remet debout. En fixant le regard sur lui, nous trouverons la force et les bonnes occasions pour prendre la défense des petits en contre-courant avec l’esprit du monde. Non pas dans le but de scandaliser, mais pour devenir signe en notre temps des valeurs qui rendent à tout être humain sa beauté et son amabilité.

19e dimanche du temps ordinaire – C – 10 août 2025

« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins. »

(Luc 12, 35)

> Se tenir prêts…pas facile au quotidien ! Je côtoie tous les jours des soignants qui veillent et qui sont en tenue de service. Je les vois vigilants, prêts à répondre à toute demande, à déterminer l’urgence de la situation ou au contraire ce qu’elle peut avoir de bénin et qui peut attendre.

J’admire souvent leur discernement ! et je m’en inspire pour ma vie spirituelle.

Et je ré-entends les paroles de Jésus au soir de jeudi-Saint, lorsqu’il dit aux disciples après leur avoir lavé les pieds : Faites de même et vous serez heureux !

> Seigneur, envoie-moi ton Esprit pour faire le tri dans mes urgences et me tenir prêt-e à faire ta volonté. Garde-moi de m’assoupir et aide-moi à faire en moi de la place pour une espérance joyeuse et un service dans la gaité, même si parfois l’attente de ton retour me paraît interminable…

18ᵉ dimanche du temps ordinaire – C – 3 août 2025

« Dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. »

(Lc 12, 13)

> Voici une demande qui nous paraît juste : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » On imagine l’homme accablé, réclamant simplement justice. Mais Jésus, plutôt que d’arbitrer, élargit aussitôt le regard : il met en garde contre l’avidité et raconte l’histoire d’un riche qui veut bâtir de plus grands greniers pour stocker encore plus. Le contraste est saisissant : l’un manque, l’autre entasse. Pourtant, à l’un comme à l’autre, Jésus pose la même question de fond : « sur quoi est-ce que tu appuies ta vie ? » Même légitime, ton besoin matériel ne doit pas devenir ton ultime horizon. Aucune possession ne garantit paix ni durée.
> Peut-être cette semaine nous sentons-nous plus proches de l’homme de la foule : préoccupés, inquiets pour demain. Jésus nous invite à lui confier ces fardeaux, sans les nier ni les absolutiser. Chercher la justice, oui, mais sans croire qu’elle résoudra tout. Le vrai trésor, c’est d’être riche pour Dieu. Que l’Esprit nous donne un cœur libre et confiant, ouvert à l’amour qui seul demeure. Amen.

17e dimanche du Temps Ordinaire – C – 27 juillet 2025

« Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »

(Luc 11, 13)

EVIDENCES !

> A l’évidence, les disciples désirent être aussi bien pris en charge que s’ils avaient choisi de suivre Jean le Baptiste. Lui avait pris soin d’enseigner à ceux qui le suivaient une certaine manière de prier. Les disciples de Jésus veulent pouvoir se référer à leur maître en ayant son modèle de prière. Évidemment, ils sont conscients qu’ils ne savent pas prier. Jésus leur donne alors le Notre Père.

Mais, Jésus ne se contente pas de les satisfaire ; il illustre son propos par une histoire dont, à première lecture, le lien avec la prière n’est pas évident ! C’est l’histoire de deux amis dont l’un est dans le besoin à cause d’un troisième. En pleine nuit, il tambourine sur une porte au mépris de toutes les règles de bienséance. Et Jésus estime que l’importun a raison ! Il obtiendra une réponse favorable.

Ces faits n’auraient-ils pas pour objet de nous rappeler quelques évidences : nous sommes amis de Dieu et il nous faut insister auprès de Lui pour satisfaire les besoins légitimes des amis qui nous sollicitent.

La réponse de Dieu sera au-delà de nos espérances : n’enverra-t-il pas l’Esprit-Saint pour nous conduire dans toute la vérité et nous guider dans nos prières ?

> Souvenons-nous, aussi, que nous n’aurons pas à tambouriner à la porte du ciel, car il ne sommeille, ni ne dort Celui qui veille sur nous (Psaume 121, 4).